Brive

Du théâtre dès 1793 !

C’est en 1793 qu’une salle de spectacle semble ouvrir pour la première fois à Brive : elle est très vraisemblablement active jusque dans les années 1810 où elle est la propriété de messieurs Latour et Vigan. Sous l’Empire, la salle de Comédie comprend un amphithéâtre assis et la scène est dotée de décorations fixes. En janvier 1810, la municipalité briviste pense réquisitionner le théâtre pour y admettre des prisonniers espagnols, au grand dam des entrepreneurs brevetés et des artistes. Les années suivantes, les comédiens se produisent dans une vieille grange, proche de l’actuel collège d’Arsonval, dans des conditions bien modestes.

Du théâtre au couvent !

En 1822, le seul endroit convenable pour accueillir une entreprise de spectacle est l’ex-couvent des Carmes, plus exactement même sa cour ! Un administrateur de la préfecture de Corrèze assure même à M. Luques, directeur d’une troupe de passage à Brive, que l’aménagement de l’espace ne peut d’ailleurs se faire qu’à grands frais ! Mais que c’est bien envisageable, plusieurs y ayant déjà joué la comédie. Combien de temps cette cour se fait elle l’écho des comédiens itinérants ? En 1833, le sous-préfet briviste regrette que sa ville ne possède plus de salle de spectacle, les comédiens disparaissant alors au bénéfice des entrepreneurs de curiosités et des animaux sauvages à l’occasion des foires.

Magnificence Belle Epoque

Au milieu du XIXe siècle, les Brivistes se languissent de voir leur ville enfin dotée d’un équipement moderne des spectacles. Les projets ne manquent pas pourtant ! Roux propose en 1848 d’en édifier un, sans succès ; cinq ans plus tard, en 1853, le conseil municipal en valide le principe, sur la place triangulaire du champ de foire, sans davantage de réussite. Les projets restent lettres mortes, y compris celui de l’architecte Louis Bonnay en 1884. C’est finalement à l’emplacement défini depuis près de trente ans, sur la Guierle face au château d’eau, et à la place de l’abreuvoir des animaux les jours de foire que le nouveau théâtre doit être établi en 1887. Sur des plans de Henri Clapier, architecte de la ville déjà remarqué pour ses plans du nouveau bâtiment de la Caisse d’épargne et bientôt reconnu pour ceux la Maison Renaudie, il est achevé en 1890 et ne comporte alors qu’un seul étage doté d’une vaste salle de concert et d’un grand café, stucs rococo, grandes glaces et baies lumineuses. Bâtiment majestueux, sa longiligne façade en calcaire blanc est des plus élégantes. L’architecte François Mary se voit bientôt confier en 1912 l’élévation d’un second étage où trouvent place un appartement et des salles de jeux pour le grand plaisir du public bourgeois. Un destin favorable aux représentations théâtrales jusqu’à sa conversion en salle de cinéma au cours des années 1960. La salle vibre à nouveau d’une véritable programmation théâtrale depuis 2018 : L’Empreinte, scène nationale Brive-Tulle, ravive à sa manière des collaborations déjà actives au XIXe siècle, lorsque les comédiens se succédaient sur les deux scènes à l’heure du privilège. Mais aujourd’hui pour le projet durable d’un pôle artistique et culturel d’intérêt général.