Causses lozériens

Les amateurs à l’honneur !

La passion du théâtre se développe singulièrement à Mende en Révolution. À l’écart des itinéraires des professionnels du spectacle, la ville peut compter sur des groupes d’amateurs pour se divertir, rejoints parfois par les premiers, de passage malgré tout. À l’extrême fin du XVIIIe siècle, sous le Directoire, une première salle est établie en 1798 (an VII) à la deuxième galerie de l’école centrale. Les bravos y retentissent vraisemblablement jusqu’en 1810. Depuis deux ans au moins alors, une seconde scène a été installée dans la grande galerie de l’Hôtel de préfecture, dans l’ancien palais des évêques. Inaugurée le 1er janvier 1809 et active jusqu’en 1813, elle est la plus jolie salle jamais connue à Mende mais bien trop petite pour satisfaire le public local. Aussi les artistes amateurs se réfugient bientôt dans la grande salle des greniers du clergé autrefois utilisée par le baillage.

Mende, rayée de la carte officielle des théâtres privilégiés !

Tout au long du XIXe siècle, une modeste salle de représentation est mise à disposition des artistes en tournée. La médiocrité de l’équipement n’encourage pas une programmation soutenue. En 1823, les comédiens professionnels de passage sont confrontés à l’absence de chaises pour les spectateurs et en 1835, ils doivent composer avec le bon vouloir du maire pour utiliser toiles peintes, lampions et perche nécessaires au spectacle. Non rentable, le département de la Lozère est exclu dès 1816 et pour près d’un demi-siècle, jusqu’à la suppression du privilège des spectacles en 1864, de la carte officielle des arrondissements théâtraux habilités à recevoir des troupes brevetées. Aussi la ville de Mende s’en remet au bon vouloir des entrepreneurs aventureux, bien trop peu nombreux au fil du temps… au plus grand dam des spectateurs !

Un nouveau siècle pour une nouvelle ère théâtrale.

Enfin ! C’est en 1898 que la ville de Mende décide de se doter de son premier véritable théâtre. Rejeté en marge du cœur de ville, il présente une façade soignée à ordonnance classique. Divisée en trois parties par un avant-corps central en légère saillie, lui-même coupé de deux travées que séparent deux colonnes médianes, elle présente une élévation à deux niveaux soulignée par une corniche moulurée et, au centre, une balustrade. Ce petit-théâtre temple présente une physionomie soignée, quoi que datée au regard de la mode architecturale de l’extrême fin du XIXe siècle, et est peu mis en valeur, ne profitant d’aucune place dégagée. Mende n’en est pas moins fière de sa nouvelle salle de spectacle ; elle est alors la plus petite ville de théâtre du Massif central à se doter d’un équipement parfaitement moderne, espérant ainsi intégrer l’itinéraire des tournées professionnelles dont elle est si longtemps restée à l’écart.

Ailleurs sur les Grands Causses… on ne s’y aventure pas !

Point de grand théâtre en Lozère avant la Belle Époque ! Pourtant, ici et là, des scènes temporaires voient le jour en différents points du département. Aux deux extrémités du siècle, des comédiens sont applaudis à Langogne en 1803 et en 1886. Ailleurs, sur les Grands causses, on s’aventure également… mais plus rarement !