Vallées et coteaux ardéchois

Un calme XIXe siècle…

Les vallées et les coteaux ardéchois restent longtemps à l’écart des tournées professionnelles, les théâtres manquant et les frais s’accumulant pour les plus audacieux. Certaines troupes sont attestées au milieu du XIXe siècle, sans qu’il ne soit pour autant possible de déterminer avec justesse où elles montèrent exactement sur les planches. À Aubenas, les artistes des entrepreneurs Perrenas, Brondelle et Tabuteau sont successivement applaudis en 1843, 1845 et 1858-1859. À Annonay, les comédiens de Célicourt jouent en 1845, d’autres sont vus entre 1856 et 1858 sur le théâtre de M. Lambert, limonadier. Et en 1855 à Tournon-sur-Rhône, M. Lureau engrange la très modeste recette de 44 francs à l’occasion d’un spectacle unique. C’est donc peu dire que la programmation est très épisodique et les conditions de représentation modestes, chacun ayant pris garde de ne jamais les décrire précisément… et prenant langue de ne jamais revenir ! Il faut attendre 1887 pour voir l’Ardèche doté d’un premier théâtre digne ce nom. À Annonay, la place des Cordeliers vibre bientôt au rythme des allers et venues des spectateurs. La Belle Époque des spectacles est lancée !

Du théâtre à l’église, foi de Saint-Thomas !

Aller jouer à Privas, c’est tout une aventure ! Peu nombreux sont les directeurs de troupes à pénétrer les terres ardéchoises pour jouer jusque sur les tréteaux dressés dans sa préfecture. Dès les années 1820 et jusqu’au milieu du siècle, quelques-uns sont de passage à Privas. Ils se contentent de conditions modestes et de faibles recettes ; pas de quoi les inciter à revenir ! Rares sont ceux qui, comme Célicourt en 1846, imaginent intégrer Privas à une tournée passant également par Annonay, Largentière, Aubenas ou Tournon-sur-Rhône. La desserte rapide de toute la vallée du Rhône par le train à compter des années 1860 n’encourage guère aux pas-de-côté en direction de Privas, et ce, bien que la ville soit reliée par le train à partir de 1862. Aussi la ville tarde à se doter d’une salle de spectacles durable. C’est chose faite en 1888 ! L’ancienne église Saint-Thomas est transformée en théâtre et salle de concert. L’Odéon est né et accueillera du public jusqu’en 1936.