Limagnes

A Pont-du-Château, du théâtre au grenier… du château

Sur les bords de l’Allier, à Pont-du-Château, les comédiens itinérants peuvent descendre en coche d’eau et se produire entre les murs du château de la famille De Montboissier Beaufort-Condillac, en surplomb du fleuve. Ou plutôt… dans son grenier ! C’est en effet sous le toit du château que sont proposées les premières représentations théâtrales sous le Consulat, au tout début du XIXe siècle. Les spectateurs accèdent à la salle depuis la façade nord, en empruntant son perron à double révolution, et en grimpant sous la charpente. Là, une buvette est installée toute en longueur au fond du grenier tandis que la scène se trouve de l’autre côté. Les spectateurs, tantôt assis, tantôt debout, circulent ainsi dans la salle à mesure que le spectacle se déroule. Comme ailleurs au parterre où le public n’est pas encore systématiquement assis, les Castel-Pontins peuvent ainsi librement s’exprimer et boire en même temps, les artistes n’attendant pas en retour le silence complet pendant la représentation.

On se bat au spectacle !

En septembre 1804 (fructidor an XII), le soir de la foire voisine du bourg de Chignat, la représentation dégénère dans le grenier-spectacle de Pont-du-Château. La gendarmerie rate le lever du rideau et de jeunes gens ivres se cognent allègrement. Finalement repris et vertement sermonnés par deux hommes en armes, les fauteurs de trouble sont renvoyés dans leurs pénates et la représentation reprend son cours normal.

A Gannat et Saint-Pourçain, au spectacle !

En Limagne bourbonnaise, aux bords de la Sioule et de l’Andelot, affluent de l’Allier, Saint-Pourçain et Gannat accueillent des artistes de passage. Là, deux petites salles sont établies sous le Directoire, à l’extrême fin du XVIIIe siècle, dans les bâtiments des hospices municipaux ; philanthropes et soucieux des plus nécessiteux, les habitants-animateurs de cette petite vie théâtrale reversent intégralement les recettes des représentations aux pauvres. Idéalement positionnées sur l’axe Clermont-Ferrand-Moulins et les itinéraires de tournées définis jusqu’à Cosne-sur-Loire, Nevers et Bourges, les deux cités tirent régulièrement leur épingle du jeu tout au long du XIXe siècle. Les comédiens en tournée s’y arrêtent généralement entre trois et cinq jours, le temps de faire une halte utile puis de reprendre leur route, souvent entre juin et septembre, et particulièrement à l’occasion des foires de Sainte Procule à Gannat, début juillet, et de Saint-Julien, fin août, à Saint-Pourçain. Gannat semble se doter d’une salle durable au milieu du siècle ; tout du moins son état est-il jugé bon. En 1853, la cité peut offrir 250 places réparties en deux catégories et si elle ne donne aucune subvention pour attirer les directeurs de troupes, elle ne prélève aucun loyer et prend même en charge les frais d’éclairage !