Limoges

Du théâtre au Concert !

Limoges est une halte repérée par les comédiens de campagne dès les années 1740. Ils doivent alors se contenter de peu et composer avec une écurie aménagée en salle de spectacle, Porte Montmailler, en 1743. Il faut attendre 1762 pour qu’une salle de l’Hôtel-de-Ville soit dédiée au théâtre. Il s’agit de la salle attribuée en mars 1744 par l’intendant à la Direction du Concert de la ville. Obtenue en concession, elle devient deux décennies plus tard le lieu réservé aux comédiens, en partage tout de même avec les amateurs de musique et les représentants de la juridiction consulaire ! Elle est équipée d’un orchestre et illuminée de plusieurs lustres mais n’est pas débarrassée des meubles des juges et des syndics. Une salle polyvalente bien encombrée donc ! En 1771, après la dissolution du Concert, la salle est exclusivement réservée au théâtre et remise en état avant de fermer… en 1772 ! Trois ans plus tard, le jeu de paume de la rue Banc Léger est transformé en théâtre.

Les comédiens… au couvent des Récollets

La Révolution française est l’occasion de donner un nouvel élan à l’activité théâtrale locale. Et comme dans d’autres villes du Massif central, c’est dans une église que les comédiens itinérants élisent domicile le temps de quelques représentations. En 1791, la nouvelle Comédie locale est installée dans l’ancienne chapelle du couvent des Récollets, place Saint-François. La municipalité la loue à son propriétaire, M. Besse. La salle dispose d’un foyer, d’une loge pour les artistes, de deux magasins de décors et de costumes et peut accueillir jusqu’à 750 spectateurs. Il s’agit certainement alors de la plus grande salle de spectacles du Massif central ! Pour des raisons de sécurité et de confort, sa jauge est progressivement abaissée à 500 places avant 1840.

DERRIÈRE LES PORTES DU COUVENT…

Le théâtre du couvent des Récollets ouvre ses portes durant un demi-siècle, jusqu’en 1840. Dès 1806 et l’adoption du nouveau règlement impérial des spectacles, la ville de Limoges est régulièrement desservie par les deux troupes officiellement attachées à son arrondissement théâtral. Elle est le pôle artistique dynamique de l’ouest limousin et jouit d’un spectacle quasiment permanent. Ainsi les deux troupes comique et d’opéra (également appelées à se produire ailleurs dans la région) alternent tout au long de la saison. Si les comédiens ne manqueraient pour rien la foire de la Saint-Loup en mai, ils se produisent de manière privilégiée d’août à mars. Le reste de la saison, ils voyagent entre Tulle, Brive, Poitiers et Angoulême.

Limoges tient son nouvel écrin !

Un nouveau théâtre municipal ouvre ses portes le 27 mars 1840. Et cela fait depuis 1829 que la ville y pensait. Il se dresse sur la place royale et fait partie d’un plan d’urbanisme plus général conçu par le maire François Alluaud, porcelainier, comprenant notamment le Pont neuf et un palais de justice. Monumental et élégant, il présente sur sa façade nord un avant-corps à trois niveaux : les deux premiers sont ordonnancés autour de trois arcs en plein cintre superposés, au second, entre trois travées encadrées de colonnes antiques. Il se prolonge sur ses deux côtés de manière harmonieuse en reproduisant l’ordonnancement principal. À l’intérieur, 800 spectateurs au moins peuvent prendre place. Les saisons se succèdent jusqu’à ce que le théâtre soit rebaptisé « Salle Berlioz » en 1932. La salle est finalement détruite en 1953.