Moulins

La Chapelle Sainte-Claire du couvent des Clarisses : de prison à théâtre.

À Moulins, c’est dans l’ancienne chapelle du couvent des Clarisses que les publics locaux viennent se divertir. Le couvent, fondé par Marie de Berry en 1421, et presque totalement reconstruit entre 1685 et 1691, est vendu comme bien national en 1793. Il sert alors de prison pour les prêtres réfractaires à la Révolution puis pour les femmes. Le lieu est aménagé en salle de spectacles et accueille des artistes à partir d’avril 1797 (germinal an V). Le théâtre est exploité un demi-siècle durant, jusqu’en 1847, et peut compter jusqu’à 480 spectateurs au mitan du siècle.

1847 : un théâtre flambant neuf !

Le renouvellement des conditions de représentation passe à Moulins, comme ailleurs, par le projet d’un nouveau lieu de spectacles. La municipalité lance en 1839 un concours en faveur de l’élévation d’un théâtre moderne, remporté par l’architecte parisien Hippolyte Durand. Les travaux débutent en 1841 mais dès 1845, les murs inachevés, se lézardent et le théâtre s’enfonce ! Et pour cause, il s’élève sur l’ancien étang Bréchimbault et les précautions nécessaires n’ont pas été prises. L’édifice est alors partiellement détruit pour être rebâti et inauguré en 1847. De style néoclassique, le théâtre présente un avant-corps à deux niveaux d’arcades en plein cintre séparées par une balustrade, couronné par un attique et entouré de deux ailes à pans coupés. Quelques huit cents spectateurs peuvent désormais assister au spectacle et se retrouver au foyer les soirs de représentation. Ils profitent d’une salle rouge et or, à la mode du temps, sous le regard des allégories peintes au plafond par Charles Polycarpe Séchan, peintre-décorateur de l’atelier de Cicéri à l’Opéra-Garnier. Un nouveau coup d’œil sera offert après 1894 par Auguste Sauroy, talentueux peintre de la Belle Époque au talent également remarqué au Grand Café et à la Maison Mantin à Moulins.

Un petit théâtre de Guignol au café de la Grenette

Je me permets de vous adresser la présente pour vous prier vouloir bien m’accorder la permission d’un petit théâtre vulgairement appelé Guignols ou les marionnettes dans mon établissement dit Café de la Grenette, place d’Allier à Moulins. J’ai déjà eu précédemment de ces permissions. J’ose espérer, Monsieur le préfet, que vous [ne] me refuserez pas cette année où les affaires sont si difficiles. Ce petit théâtre a pour but de recréer et charmer les soirées, dans mon café, dont le local est assez spacieux. Ancien capitaine polonais ayant éprouvé beaucoup de pertes, établi sur cette ville depuis plusieurs années, n’ayant jamais rien eu à me reprocher auprès de l’autorité, j’attends de votre bienveillante sollicitude pour tous vos administrés, l’objet de ma demande et la faveur de votre prompte et agréable réponse.

Joseph Henri Balwietz, limonadier, au préfet de l’Allier, 1857