Saint-Flour
Au théâtre à l’hôtel de ville avant la Révolution
Sur la route des comédiens de passage traversant le Massif central à la fin de l’Ancien régime, Saint-Flour aménage une salle de spectacles à l’intérieur de l’hôtel de ville, place d’Armes, dès 1783. En mauvais état et mal insonorisée, elle vaut au maire de la ville les plaintes du président de la cour criminelle dont la salle du tribunal est installée… juste en-dessous ! Aussi peu emballante soit-elle pour les artistes en tournée, elle peut accueillir entre 360 et 400 spectateurs. Étape des itinéraires tirés entre Le Puy-en-Velay et Aurillac ou entre Clermont-Ferrand et la préfecture cantalienne via Brioude puis Mauriac, elle est la seule salle de la planèze au moins jusqu’en 1870 !
La ville ne fera aucun frais !
« La salle de spectacle de cette ville occupe le second étage de la maison commune et est une propriété communale. Elle est petite, mal disposée, les décorations sont peu nombreuses et en mauvais état, elle n’est pourvue d’aucun lustre ni quinquet, ainsi elle offre aux troupes dramatiques moins de ressources, tandis qu’elle oblige à plus de frais. […] À l’avenir, la ville ne fera aucun frais pour attirer ou retenir des acteurs mais elle leur abandonnera sans rétributions ou moyennant une très faible rétribution la petite salle qu’elle possède ».
Le sous-préfet de Saint-Flour au préfet du Cantal, 1834
Une salle gratuite pour les troupes de passage !
« Le théâtre de Saint-Flour ne reçoit aucune subvention en argent. La salle est seulement mise gratuitement à la disposition des directeurs. Le droit à profit des pauvres n’est pas ordinairement perçu. Les recettes sont si minimes à Saint-Flour, les troupes sont elles-mêmes généralement si gênées dans leur situation financière, que l’administration municipale et le bureau de bienfaisance n’ont presque jamais exigé le prélèvement du dixième des recettes. C’est à peine s’il est donné deux représentations par an au théâtre de Saint-Flour (terme moyen) ».
L’adjoint au maire de Saint-Flour au préfet du Cantal, 1870
Un nouveau théâtre pour Saint-Flour !
Le conseil municipal le décide en 1897 et la nouvelle salle sort de terre entre 1899 et 1901. Pour son inauguration, le 30 avril 1901, 350 Sanflorains viennent découvrir Mireille et Le Châlet. Dans le rôle éponyme de l’opéra de Gounod, les spectateurs goûtent le talent d’une prima donna vedette du Grand Théâtre lyrique de Paris, signe de l’exceptionnalité de l’événement. Dans la presse locale, le nouveau théâtre est jugé « suffisant et des plus convenables pour une petite ville telle que [Saint-Flour] ». Dans l’air du temps, la salle accueille dès 1912 des séances de cinéma avant que le Royal-Cinéma, bientôt Kino-Cinéma, ne vienne la concurrencer sur ce nouveau terrain. Entre ses murs, le Rex imposera bientôt son écran et ses films, avant de renouer entre 1977 et 1981 avec le spectacle vivant et les concerts. L’histoire tumultueuse des décennies suivantes trouve son épilogue contemporain avec la réouverture en 2012 du « Théâtre Le Rex ».