Tournées
ET LES PREMIERS À TOURNER DANS LE MASSIF FURENT ROMAINVILLE ET BEAUMESNIL…
Débutez votre pérégrination numérique en mettant vos pas dans ceux de Romainville et Beaumesnil et, à leur suite et celle de leurs successeurs, découvrez les circuits des tournées des comédiens professionnels à travers le Massif central durant plus d’un siècle et demi..
A la suite des comédiens de campagne au siècle des Lumières…
À la fin de l’Ancien régime, les comédiens sont rompus à la mobilité. À quelques rares exceptions près de troupes sédentaires dans les plus grandes villes du royaume à partir des années 1760-1780, l’itinérance des acteurs est la règle. Les comédiens amenés à parcourir le centre du royaume sont d’emblée confrontés au massif montagneux ; ils doivent composer avec le réseau routier existant, les grands chemins, les chemins royaux et les chemins de traverse, et ne profitent d’une cartographie routière stable qu’à compter de 1747. Les difficiles conditions de circulation n’encouragent alors guère les comédiens à traverser le Massif central. Il existe pourtant au moins cinq grandes routes théâtrales qui pénètrent ou affleurent le Massif – parmi lesquelles celles emmenant les artistes de Bourges à Valence en passant par Riom, Clermont-Ferrand ou le Puy-en-Velay, ou bien de Bordeaux à Lyon via Rodez, Aurillac, Saint-Flour, Brioude et Saint-Étienne. Les comédiens font le plus souvent des incursions dans le Massif, le contournent volontiers le reste du temps ou évoluent sur ses marges. Beaumesnil, comédien et archéologue, privilégie ces pratiques-ci entre le milieu du siècle et le début des années 1770. À mesure que les villes remarquables du Massif central se dotent de véritables salles de spectacles, dès les années 1760, directeurs et comédiens lorgnent dessus avec envie, convaincus par les nouvelles bonnes conditions de diffusion de leurs spectacles. Ainsi imagine-t-on volontiers depuis le Centre, la Bourgogne, la vallée du Rhône ou le Languedoc venir jouer dans la cité ponote. Certains comédiens inventent même de vraies premières circulations régionales entre Velay, Rhône et Alpes, répétées de saison en saison. Quelques-uns s’essaient à une traversée du Massif central mais y laissent parfois leur fortune ; ainsi en va-t-il de Romainville entre Mâconnais, Forez et bassin clermontois au tournant de 1755, ou bien de Deschamps, entre Auch et Moulins où il est arrêté, grevé de dettes, en 1787. Seul en quête de rôle ou en troupe, le comédien d’Ancien régime est un itinérant qui trace sa route et dessine, au gré de ses emplois, des circulations originales à travers et plus souvent autour du Massif central.
Des comédiens libres de circuler en Révolution !
La théâtromanie des Lumières est consacrée par la Révolution française. À la suite de l’adoption du décret Le Chapelier le 13 janvier 1791, n’importe quel citoyen est autorisé à ouvrir son propre théâtre. Le régime du privilège de l’Ancien régime disparaît et la pleine liberté des théâtres proclamée. Si aucune fièvre constructrice ne s’empare du pays, la promotion du théâtre comme nouvelle école civique pour adultes par les cercles jacobins encourage les ouvertures de salles et les transformations d’églises acquises comme bien nationaux, à Cahors, Guéret, Limoges, Moulins, Saint-Étienne ou Aurillac. Au milieu des années 1790, de nouvelles troupes fixes sont fondées ou renouvelées à travers le Massif central, et de nouvelles salles ouvertes, à Riom en 1794 ou bien à Tulle en 1795. Si certaines villes sont capables d’entretenir des troupes permanentes, comme à Clermont-Ferrand, d’autres, la plupart en réalité, composent avec les amateurs du cru ou bien les comédiens professionnels de passage. Car évidemment, c’est à partir et entre ces nouveaux théâtres que les troupes circulent désormais. Les itinéraires recensés au cours du Directoire et du Consulat révèlent quelques logiques de voyage privilégiées à travers le Massif central. Plusieurs directeurs et régisseurs de troupes tissent leur réseau entre Allier, Creuse, Indre, Cher et Nièvre ; ainsi en va-t-il de Féréol en 1800 qui tourne entre Bourges, Châteauroux et Montluçon, ou bien de Brisse en 1802 vu à Guéret, La Châtre et dans la cité des ducs de Bourbons. Au Nord et à l’Ouest du Massif, les comédiens professionnels regardent vers l’extérieur ! À Limoges en 1803, Hébert est encouragé à imaginer sa mobilité en direction de Guéret, Angoulême et Périgueux. Depuis Clermont-Ferrand, les sorties se font en direction de Riom, de Moulins, du Puy-en-Velay et d’Aurillac. Les deux cités anicienne et cantalienne reçoivent également des comédiens en tournée qui empruntent l’ancienne route « Bordeaux-Lyon » passant à travers Dordogne, Corrèze, Lot, Cantal et Velay. Les nouvelles salles ouvertes en Révolution aiguisent aussi parfois des appétits plus lointains. Ainsi Roland, artiste sociétaire de Bordeaux vise la salle de Montluçon en 1804 ; l’année suivante, c’est Lellizzari, directeur de la troupe de Béziers qui ambitionne un temps venir se produire à Millau. Certains s’intéressent alors aux théâtres du Massif central depuis Troyes, Beaune, Lyon, Grenoble, Alès ou Périgueux ! Cette liberté relative, somme toute largement conditionnée aux capacités réelles des directeurs à entreprendre de longues tournées, s’évanouit quasiment en 1806. L’adoption d’une nouvelle réglementation théâtrale vient rebattre les cartes des circulations !
Circuler de manière contrainte à l’heure napoléonienne.
Avec Napoléon, les tournées théâtrales se fixent progressivement. L’Empereur décide de faire du théâtre un medium politique et un outil de contrôle social. Grand amateur de tragédie et ami du plus grand comédien du Théâtre-Français de l’époque, Talma, Napoléon mise sur un répertoire de circonstances à la gloire du nouvel ordre social promu et fait lire les Bulletins de la Grande armée avant les levers de rideau ; il surveille également les publics qui ont pris l’habitude en Révolution de faire des théâtres de vrais espaces de sociabilité et parfois d’agitation politique. Aussi, il est très important que l’activité théâtrale soit parfaitement contrôlée, les répertoires validés et les comédiens surveillés. À travers l’adoption d’un Règlement pour les théâtres le 8 juin 1806 et de lois additionnelles les 25 avril et 20 juillet 1807, Napoléon restructure le paysage dramatique national et impose de nouveaux cadres d’évolution aux comédiens professionnels. Et le Massif central n’échappe pas à cette réorganisation en profondeur ! Tandis qu’à Paris, le nombre de théâtres est ramené très vite à huit, quatre « grands » et quatre « secondaires », l’ensemble de l’empire est divisé en vingt-cinq arrondissements auxquels sont assignées une ou deux troupes privilégiées officielles. Si cinq grandes villes sont autorisées à entretenir deux troupes stationnaires et quatorze autres une seule, l’immense majorité des villes de l’empire doivent composer avec des troupes professionnelles ambulantes. Les départements du Massif central sont ainsi répartis entre quatre régions théâtrales distinctes tenant globalement compte des mobilités antérieures. Ainsi le 11e arrondissement réunit les départements du Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire, du Cantal, de l’Ardèche, de la Lozère et de l’Aveyron. La géographie des spectacles inventée par l’administration impériale tient évidemment compte de la présence du cœur montagneux du Massif central. Aussi les départements situés sur ses bordures sont intégrés à des arrondissements « périphériques », le 12e au nord, le 9e à l’ouest et le 7e au sud-ouest. Au coeur du Massif, comme ailleurs dans l’empire, le voyage devient un enjeu majeur de la politique théâtrale napoléonienne. L’itinérance des troupes n’est plus uniquement induite par les enjeux économiques et artistiques ordinaires, elle est désormais imposée par le pouvoir. Si le sud-est du Massif central s’apparente à un désert théâtral sous l’Empire, partout ailleurs les salles se multiplient ou se modernisent. Les deux troupes brevetées officielles installées à Clermont-Ferrand circulent principalement en direction de Riom, Moulins, Le Puy-en-Velay et Aurillac ; elles ne s’aventurent que très rarement en Lozère ou en Aveyron, si ce n’est par l’intermédiaire de fondés de pouvoir et non sans avoir préalablement lancé des souscriptions pour payer leurs déplacements ! Si les troupes affiliées au bocage du Centre desservent bien les théâtres de l’Allier, elles ne s’aventurent guère jusque dans la Loire, dans l’orbite des salles lyonnaises. À l’ouest, Tulle et Brive sont intégrées aux mobilités imposées de l’arrondissement limougeaud, Cahors, bientôt rejointe par Rodez, aux itinéraires des troupes habilitées pour Albi, Montauban ou Agen. Si l’immense majorité des comédiens professionnels s’en tiennent à ces itinéraires et ces espaces imposés, quelques-uns circulent plus librement, obtenant ici ou là des autorisations temporaires de préfets ou de maires soucieux de voir un divertissement proposé à leurs administrés et déçus de voir les salles de leurs départements tenus à l’écart des principaux circuits – à Mende ou à Guéret. La politique impériale en matière de spectacle conditionne largement les mobilités professionnelles des comédiens à travers le Massif central ; une donne amenée à perdurer jusqu’en 1864.
Les comédiens sur la route à l’heure du privilège théâtral… jusqu’en 1864 !
Les circulations des comédiens en place au sortir de l’empire sont amenées à se répéter une fois les Bourbons restaurés sur leur trône. La famille royale se fond alors dans le système impérial hérité et se satisfait d’une gestion quotidienne des théâtres relativement stabilisée. Le règlement du 30 août 1814 modifié le 15 mai 1815 place les théâtres des départements sous la tutelle des préfets et du ministère de l’Intérieur et maintient le principe d’arrondissements dramatiques à l’intérieur desquels des troupes stationnaires et itinérantes privilégiées sont habilitées à se produire. De 1815 à 1824, le nombre des grandes régions théâtrales est progressivement ramené de vingt-cinq à dix-huit et les départements où l’activité théâtrale est la plus faible en sont tout bonnement écartés ! Ainsi au cœur du Massif central, la Corrèze, l’Aveyron et la Lozère sont exclus de la carte officielle des théâtres dès 1816, alors même que les cercles d’amateurs sont particulièrement actifs, notamment au pied du mont Mimat. Un temps, entre 1816 et 1824, la Creuse et le Puy-de-Dôme sont même rattachés au 15e arrondissement théâtral et réunis à l’Allier, la Nièvre, le Cher et l’Indre. Eu égard aux contraintes naturelles, aux circulations naturelles en zones non montagneuses et aux habitudes de spectacle nées entre Révolution et Empire, le Massif central théâtral apparaît écartelé aux premières années de la Restauration, ne sachant plus à quelle muse se vouer ! L’administration royale tranche et impose bientôt une nouvelle géographie régionale des théâtres jusqu’en 1864. Les départements de la Haute-Loire, de la Loire, du Cantal, du Puy-de-Dôme, de l’Allier, de la Nièvre et du Cher sont rassemblés dans un 12e arrondissement concentrant les principales salles de la région et jouissant de conditions de roulage tout à fait favorables. La Corrèze et la Haute-Vienne sont, elles, intégrées à un 13e district résolument tourné vers l’Ouest, entre Charente et marais poitevin, et le Lot inséré aux marches gasconnes du 15e arrondissement. Le sort des causses et des gorges difficiles d’accès est réglé d’un trait sur les marges méridionales du Massif. L’Ardèche, la Lozère et l’Aveyron sont exclues de la carte théâtrale royale et mis à l’écart des tournées des troupes officielles de comédiens professionnels. Pendant un demi-siècle, le Massif central ne résiste pas à sa propre géographie difficile et tandis qu’un espace privilégié de circulation se structure entre Haute-Auvergne et Velay au sud et Bourbonnais et bocage nivernais au nord, ses périphéries sont invitées à s’inventer une vie théâtrale résolument tournée vers l’extérieur. L’immensité du territoire à couvrir et les velléités bien légitimes des communes s’étant dotées de salles neuves à bénéficier d’un spectacle régulier motivent quelques entorses à la règle. Ainsi Roanne et Saint-Étienne deviennent progressivement « autonomes » des années 1830 aux années 1850. Des circulations nouvelles voient le jour entre Indre, Creuse et Corrèze durant les années 1840 ; des troupes autorisées en provenance du Midi font une halte dans les Cévennes et à travers les causses. Certains directeurs habitués des rives languedociennes de la Méditerranée étirent leurs tournées jusqu’en Aveyron ; d’autres, affectés très officiellement aux départements de la vallée du Rhône s’arrêtent à Annonay ou s’aventurent jusqu’à Privas au mitan du siècle. Il faut dire qu’entre 1814 et 1864, les douze départements du Massif central comptent au moins quarante-quatre grands théâtres et salles de spectacle plus modestes. Si les troupes officielles ont de quoi satisfaire leurs meilleurs comédiens, les plus modestes troupes autorisées peuvent aussi rencontrer leurs publics aux confins des départements. Évidemment, les taux d’occupation des salles sont fort variables, très élevés à Clermont-Ferrand, Limoges, Moulins ou Saint-Étienne, ils chutent à Tulle, à Guéret, à Cahors ou à Mende, dessinant une hiérarchie des salles favorables aux plus grandes villes pourvoyeuses de publics. Des saisonnalités différenciées se dessinent, entre saison pleine et saison d’hiver ou d’été. Et lorsque les professionnels sont absents trop longtemps ou ne se déplacent jamais, certains n’hésitent pas à s’essayer au théâtre en amateurs, à Cahors, à Langogne, à Maurs ou bien à Rive-de-Gier. Les voyages à travers le Massif central, parfois rocambolesques, sont souvent éprouvants et représentent parfois un manque à gagner certain si les publics ne répondent pas présents. Aussi les entrepreneurs favorisent les déplacements les plus sûrs et ne tentent guère de voyages trop aventureux ! Se frotter au Massif est parfois risqué !
Tournées express et nouvelles saisonnalités à la Belle Epoque.
Second Empire et Belle Époque ouvrent bientôt une nouvelle ère aux comédiens à travers le Massif central. Avec le décret du 6 janvier 1864, Napoléon III met fin au système du privilège. Adieu les arrondissements théâtraux et les déplacements contraints et surveillés, place à la libéralisation du secteur ! L’empereur proclame ouverte l’ère de l’industrie théâtrale et sort définitivement le monde des spectacles de l’« ancien régime culturel » du privilège. La nouvelle législation impériale dérégule tout le secteur, poussant certains entrepreneurs à la faillite, à Montluçon ou à Vichy, dans le cadre d’une concurrence devenue exacerbée. L’urbanisation progressive du Massif central grâce au développement industriel – la porcelaine à Limoges, les machines agricoles et les patins de freins à Clermont-Ferrand, la métallurgie à Montluçon, la production minière et la fabrique d’armes à Saint-Étienne –, l’émergence durable du tourisme thermal, la révolution du rail, l’évolution de la demande sociale et culturelle des divertissements ont une incidence puissante sur la circulation des artistes et sur l’ouverture de nouveaux lieux à la mode. Dès les années 1870, la vie théâtrale du Massif central connaît des saisonnalités différentes. Les salles de spectacle ne vivent plus au rythme des programmations imaginées par des directeurs privilégiés itinérants mais d’entrepreneurs soucieux d’engranger les recettes les plus importantes possibles à la billetterie en proposant un spectacle constamment renouvelé aux spectateurs. Elles doivent aussi partager le temps de sortie des habitants avec les cafés-concerts. Dans les villes où les publics sont les plus nombreux, à Clermont-Ferrand, Moulins, Saint-Étienne, Limoges ou Le Puy-en-Velay, certains directeurs proposent des saisons complètes ou de longues saisons d’hiver ; ailleurs, les propriétaires de salles, et notamment les municipalités, composent avec les représentations uniques de troupes professionnelles en tournées quasi permanentes – à Mende, à Aurillac, à Guéret, à Montluçon, sans oublier les grandes villes toujours ciblées. La progression généralisée du star-system et l’influence grandissante des imprésarios et des directeurs d’agences artistiques participent à l’émergence de nouvelles pratiques théâtrales. Au cœur du Massif central, les publics peuvent désormais applaudir les artistes à succès vus partout ailleurs dans le pays. L’uniformisation du goût ne passe plus seulement par la diffusion des répertoires mais aussi par leur interprétation par les mêmes comédiens en tournées express ou par les stars des grands théâtres parisiens, lyonnais, marseillais ou étrangers réunis ici ou là le temps d’une saison estivale remarquable – notamment dans les nouveaux casinos-théâtres des villes d’eau, à Vichy, à Vals-les-Bains, à Royat ou au Mont-Dore. Les propriétaires privés et publics des théâtres ont à cœur d’accueillir ces comédiens et ces stars dans les meilleures conditions. Les municipalités jouent désormais toujours les premiers rôles et offrent à leurs administrés des salles dignes de la nouvelle société des spectacles et de la Belle Époque. À Roanne (1885), au Puy-en-Velay (1893), à Clermont-Ferrand (1894), à Tulle ou à Vichy (1903) de nouveaux théâtres modernes, appelés à une longévité inégalée encore aujourd’hui, ouvrent leurs portes et accueillent des milliers de spectateurs. Il n’y a désormais plus de circuits de tournée privilégiés et sans cesse répétés d’une saison à l’autre. Le développement du rail permet aux artistes d’enchaîner les représentations en différents lieux à une fréquence inédite – tous les deux ou trois jours, parfois tous les jours – et d’être ainsi un soir à Aurillac, le lendemain à Clermont-Ferrand, le surlendemain à Saint-Étienne et de poursuivre au-delà encore leur tournée. Certains jettent leur dévolu sur les salles des stations thermales, s’offrant de véritables tours de France – à l’instar de la chanteuse Félicia Malet (1899) – et des haltes remarquées dans les cités les plus en vogue du Massif. Certaines municipalités s’essaient alors à des saisons plus longues en proposant des subventions aux artistes ou en offrant la gratuité de la location de leurs théâtres. Les premières tentatives, modestes et parfois contestées par certains élus en place, n’en ouvrent pas moins la voie à de nouvelles pratiques. Et de nouvelles idées !
Un théâtre populaire pionnier dans le Massif !
A mesure que la société du spectacle triomphe et domine sans précédent la vie théâtrale, quelques uns, inspirés des idées socialistes fin de siècle, font le choix d’une nouvelle culture militante et réinventent la scène. Réunis en coopérative, sensibles aux débats et initiatives en faveur d’un théâtre populaire, ils s’activent en de nouveaux lieux ouverts tant aux rassemblement syndicaux qu’aux spectacles. La Maison du Peuple ouverte à Millau en 1905 et la salle des fêtes de l’Union inaugurée en 1911 à Limoges donnent le ton du nouveau siècle. De la dérégulation à la régulation et au théâtre pour tous, il y a alors plus d’un pas à faire. A l’instar des Pottecher et Gémier, dans les montagnes vosgiennes ou les terres du Nord, quelques uns embrassent une nouvelle voie prometteuse. Le prochain changement d’ère est pleinement consacré un demi-siècle plus tard, au lendemain de la seconde guerre mondiale, avec Jean Vilar et Jeanne Laurent !
En tournée de salle en salle !
Pendant plus d’un siècle et demi, les comédiens professionnels peuvent tourner à travers le Massif central car des salles de spectacles sont ouvertes par des municipalités visionnaires ou des particulier audacieux. Bâtiments construits ex-nihilo véritables temples dans la ville, anciennes églises désacralisées transformées, modestes immeubles, simples cafés ou granges aménagées pour la circonstance, ces lieux ont fait la joie ou l’effroi des spectateurs locaux ! Dans des conditions de production des spectacles et d’accueil des publics fort variables, plus de 120 salles ont raisonné des bravos ou des sifflets adressés aux artistes de passage. A leur suite, découvrez tous ces lieux où le théâtre a été à l’honneur à travers le Massif central !
Dates | Villes | Noms des théâtres | Localisations |
1743 et suivantes | Limoges | Salle de spectacle | Écurie aménagée Porte Montmailler |
1744-1771 | Limoges | Salle du Concert puis Salle de spectacle | Dans l’Hôtel de Ville |
1759-1806 | Clermont-Ferrand | Théâtre dit « ancienne salle » après 1806 | Dans l’Hôtel de Ville |
1765 | Saint-Étienne | Théâtre | Actuelle Place Chavanelle |
1773-1934 | Riom | Comédie | Actuelle rue Hellénie |
1773-1778 | Roanne | Théâtre d’Artois | Jardin de l’Hôtel de Livron |
1775-1880 | Le Puy-en-Velay | Salle de la Comédie | Rue de la Comédie |
1775 et suivantes | Limoges | Salle de spectacle et de concert | Jeu de Paume rue Banc-Léger |
1778-1876 | Roanne | Salle de spectacle | Rue ducale |
1783-1870 | Saint-Flour | Salle de comédie | Dans l’Hôtel de Ville |
1786 | Figeac | Salle de spectacle | Dans le Palais Balène, sous la salle de l’auditoire |
1788 | Aurillac | Théâtre | Auditoire de l’abbé d’Aurillac |
1789 | Aurillac | Théâtre | Au-dessus de la Maison Canteloube |
1789-1822 | Cahors | Théâtre | Église des Ursulines, place du marché aux oies |
1791-1840 | Limoges | Comédie | Chapelle du couvent des Récollets, place Saint-François |
1793 | Issoire | Petite salle de comédie | Ancien lieu de réunion de la société populaire |
1793-années 1810 | Brive-la-Gaillarde | Salle de spectacle | Non localisée |
1793-années 1830 | Guéret | Salle de comédie | Chapelle des Pénitents blancs place des Barnabites |
1794-1822 | Tulle | Salle de spectacle | Salle de réfectoire du Collège |
1797-1807 | Saint-Étienne | Théâtre | Église des Minimes |
1797-1846 | Moulins | Salle de spectacle | Chapelle Sainte-Claire |
1798-1808 | Aurillac | Salle de spectacle | Église du Collège des Jésuites |
1798-1810 | Mende | Théâtre de l’école secondaire | École centrale |
1799-Premier Empire | Montluçon | Salle du château | Château des ducs de Bourbon |
1799 | Langeac | Société dramatique libre | Non localisée |
Début du XIXe siècle | Brive-la-Gaillarde | Non désignée | Vieille grange aménagée |
1801 et suivantes | Saint-Pourçain-sur-Sioule | Salle de comédie | Bâtiments de l’Hospice |
1802-début du XIXe siècle | Issoire | Salle de spectacles ou Théâtre municipal | Maison commune et tour de l’Horloge, rue du Pontel |
1803 | Yssingeaux | Salle de spectacle | Église des sœurs Saint-Joseph |
1803 | Langogne | Théâtre | Non localisé |
1804 | Gannat | Théâtre | Ancien hospice de la ville |
1804 | Pont-du-Château | Salle de spectacle | Grenier de l’Hôtel de ville |
1804-1821 | Rodez | Théâtre de l’Académie | Ancienne salle décadaire |
Premier Empire | Millau | Petite salle de société | Non localisée |
1807-1883 | Clermont-Ferrand | Théâtre | Anciens jardins de l’évêché, actuelle place de la Victoire |
1808-1845 1965-aujourd’hui | Montbrison | Salle de spectacle MJC puis Théâtre | Chapelle des Pénitents |
1809-1813 | Mende | Théâtre de la Société dramatique | Hôtel de préfecture |
1809-aujourd’hui | Aurillac | Théâtre | Église du Couvent Notre-Dame |
1809-1811 | Brioude | Théâtre | Non localisé |
1810-1811 | Clermont-Ferrand | Salle de spectacle | Église de l’Oratoire |
1810-1813 | Saint-Étienne | Théâtre | Pré-de-la-Foire |
1811-1831 | Villefranche-de-Rouergue | Salle de spectacle | Dans un local public |
1813 | Mende | Salle de spectacle dans le grenier ou Salle de M. Fraisse | Bâtiment du clergé |
1813-1815 | Aigueperse | Salle de spectacle | Non localisée |
1814 | Saint-Geniez-d’Olt | Théâtre | Tribunal de commerce dans l’ancien monastère des Augustins |
1818 ; 1823 ; 1835 | Mende | Salle de représentation | Non localisée |
1821-1897 | Montluçon | Salle de spectacle | Église du couvent des Ursulines (rasée en 1911) |
1822 (1824)-1836 (?) | Lapalisse | Salle de spectacle | Château du marquis de Chabannes |
1822-1833 | Brive-la-Gaillarde | Théâtre | Couvent des Carmes |
1822-1834 | Cahors | Théâtre | Dépendance du Café Tivoli |
1826 | Vichy | Non désigné | Non localisé |
s.d. exploitée avant 1825 | Saint-Pourçain-sur-Sioule | Salle de spectacle | Ancien bâtiment de l’hospice |
1831 ; 1842 ; 1852 | Vichy | Salle de spectacle | Dans la halle |
1834-1902 | Tulle | Salle de spectacle | Non localisée |
1835-aujourd’hui | Cahors | Théâtre municipal | Allée Fénelon, place Gambetta |
1836-1854 ; 1864 | Gannat | Théâtre de la ville | Non localisé |
s.d. exploitée avant 1843 | Aubusson | Théâtre | Propriété de la ville |
1837-1932 | Guéret | Théâtre municipal | Place Varillas |
1839 | Néris-les-Bains | Non désigné | Non localisé |
1840 | Millau | Granges ou remises | Non localisées |
1840-1953 | Limoges | Théâtre municipal rebaptisé Salle Berlioz (1932) | Place royale |
1843 ; 1845 | Aubenas | Théâtre | Non localisé |
1845 | Millau | Salle provisoire | Non localisée |
1845-début des années 1850 ; 1856-1858 | Annonay | Théâtre | Non localisé |
Milieu des années 1840 ; 1855 | Tournon-sur-Rhône | Non désigné | Non localisé |
1845 ; 1862-1863 | Decazeville | Non désigné | Non localisé |
1847-aujourd’hui | Moulins | Théâtre | Rue Candie, à l’extrémité du Cours Bérulle |
1850 | Florac | Salle de spectacle | Remise de l’aubergiste Boudet |
1851 (après) | Saint-Chamond | Salle de spectacle | Non localisée |
1851-1937 | Rodez | Théâtre | Maisons achetées pour les dépendances du tribunal civil |
1853-1928 (incendie) | Saint-Étienne | Théâtre municipal rebaptisé Théâtre Massenet (1913) | Place des Ursules |
1854 | Murat | Non désigné | Non localisé |
1857 | Maurs | Non désigné | Non localisé |
1858-1859 | Aubenas | Théâtre | Non localisé |
1860 | Rive-de-Gier | Théâtre | Non localisé |
1864-1875 | Millau | Théâtre | Place de la Capelle |
1867-1920 | Le Puy-en-Velay | L’Alcazar | Place Michelet |
1872 | Brioude | Théâtre | Non localisé |
1872 | Le Puy-en-Velay | Casino Lyrique | Rue Crozatier |
1873-1874 | Saint-Étienne | Théâtre universel ou Théâtre populaire | Rue de Roanne, actuelle place Villebœuf |
1875-aujourd’hui | Royat | Théâtre « Le Cercle » | Théâtre du Casino |
1879 | Vichy | Cercle international | Non localisé |
1880 | Moulins | Établissement | Rue Laussedat |
1881-1890 1891 et suivantes | Clermont-Ferrand | Théâtre provisoire Théâtre-Casino des Variétés puis Eden-Concert théâtre | Place de la chapelle de Jaude, actuelle place de la Résistance |
1882 | Le Mont-Dore | Casino-Théâtre | Rue Meynadier |
1882 | Vichy | Eden-Théâtre | Face à l’hôpital militaire |
1882-1974 | Saint-Étienne | Théâtre | Rue Blanqui |
1885-aujourd’hui | Roanne | Théâtre | Rue Molière |
1886-1979 (incendie) 1985-aujourd’hui | Vas-les-Bains | Théâtre du Casino | Parc des Quinconces |
1887-aujourd’hui | Annonay | Théâtre | Place des Cordeliers |
1888 | Langogne | Théâtres des Variétés | Non localisé |
1888-1936 | Privas | Théâtre et salle de concert, L’Odéon | Église Saint-Thomas |
1889 | Thiers | Théâtre provisoire | Non localisé |
1889-date indéterminée | Thiers | Théâtre municipal | Non localisé |
1889 ; 1898 | Marvejols | Théâtre | Non localisé |
1889-1934 | Bourbon-L’Archambault | Théâtre | |
1890-aujourd’hui | Brive-la-Gaillarde | Théâtre municipal | Avenue de Paris |
1891 | Royat | Casino-Théâtre | |
1891 | Florac | Salle | Non localisée |
1892-1902 | Millau | Théâtre « Mico » | Église du Sacré-Cœur |
1893-aujourd’hui | Le Puy-en-Velay | Théâtre municipal | Place du Breuil |
1894-date indéterminée | La Bourboule | Théâtre du Casino | Quai du maréchal Fayolle |
1894-aujourd’hui | Clermont-Ferrand | Théâtre municipal, Opéra-Théâtre | Place de Jaude |
1897 | Saint-Flour | Théâtre | Non localisé |
1898-date indéterminée | Ambert | Théâtre | Rue Blaise Pascal, actuelle médiathèque Vialatte |
1898-aujourd’hui | Néris-les-Bains | Théâtre, dit « Théâtre André Messager » | Esplanade du Casino |
1898-aujourd’hui | Villefranche-de-Rouergue | Théâtre | Ancien Palais de justice, quai de la Sénéchaussée |
1898-années 1970 | Mende | Théâtre | Boulevard Lucien Arnault, actuel cinéma le Trianon |
1899 | Royat | Kursaal | Boulevard Vaquez |
1900-aujourd’hui (fermeture 2005-2015) | Châtel-Guyon | Théâtre-Casino | Place Brosson |
1902-1912 | Montluçon | Théâtre-Cirque | Square Fargin Fayolle, bord du Cher |
1903-aujourd’hui | Tulle | Théâtre municipal | Quai de la République |
1903-aujourd’hui | Vichy | Opéra | Rue du Casino, parc des Sources |
1906-aujourd’hui | Millau | Maison du Peuple | Rue Pasteur |
1911 | Vichy | Casino-Kursaal | Non localisé |
1911-aujourd’hui | Limoges | Théâtre de l’Union | Rue des coopérateurs |
1913-aujourd’hui | Montluçon | Théâtre municipal Gabrielle Robine | Place de la Comédie |