Vals-les-Bains
Premiers spectacles aux Cafés !
La Rigolette, la Précieuse, la Madeleine et la Désirée font les belles heures de Vals-les-Bains dès la création de la société « F. Gallimard et Cie » en 1864, future Société générale des eaux minérales en 1870. Un quartier thermal remarquable apparaît dès 1867 autour d’un parc de quatre hectares dessiné par les paysagistes lyonnais Marc-Antoine et Gabriel Luizet. Pavillons et chalets sont bientôt rejoints par les fameux Bains Mathon, l’Hôtel de Paris et le Grand Hôtel de Bains. Les premiers curistes accourent et se divertissent au Casino-Jardin, au Casino du Café de Paris et au Cercle des étrangers. En 1886-1887, les Bains Mathon sont transformés et un Casino-Théâtre flambant neuf est inauguré !
« Bonnes soirées au Casino ; bons artistes et public nombreux. Que diable voulez-vous de plus ! Dans les hôtels on danse, on pianote, on s’amuse en un mot, et… on fait bien. Après tout, mettez-vous, vous, Monsieur ou Madame, qui avez dépassé la soixantaine, ou bien vous, Mademoiselle, qui auriez le droit de coiffer deux fois Sainte-Catherine, à la place de ces jeunes gens et de ces jeunes filles qui toute la journée se sont promenés dans nos allées, ont bu de l’eau, etc. Ne sont-ils pas bien excusables de sautiller le soir au son de la musique d’Offenbach, de Lecoq et d’autres ? Rappelez-vous votre jeune temps et vous pardonnerez tout ce vacarme. Et vous, maître-hôtel, ne dites mot, continuez à être gentil comme d’habitude et permettez même qu’on dégringole votre table d’hôte et que le soir on la remplace par un piano ».
Vals Thermal, 1883
Le Casino-Théâtre régale.
Le Casino-Théâtre de Vals-les-Bains est construit par Besset et Longueville pour la Société générale des eaux. Il jouxte le cours planté des Quinconces et surplombe la Volane. Ses jardins bruissent avant l’heure des applaudissements adressés à Maurin, baryton de l’Opéra de Paris ou à Courtbois, ténor du Grand théâtre de Montpellier venus faire les stars en été. Le « Jardin-Théâtre » accueille même jusqu’à 1200 spectateurs ! À l’intérieur, les conditions de diffusion des spectacles les plus modernes sont proposées au public. Pour mieux répondre à l’évolution des normes techniques et au confort des spectateurs, le bâtiment et la salle sont régulièrement remaniés. La dernière mue architecturale s’opère en 1898. Le désormais Grand Casino aux trois dômes à l’impériale se compose au rez-de-chaussée d’un salon conversation et de lecture, d’un grand restaurant, d’une grande salle de jeu et du théâtre ; il offre au premier étage un spacieux foyer avec une vue splendide sur le parc. Le théâtre peut contenir 700 à 800 personnes et la décoration intérieure à l’orientale réalisée par Brunel d’Avignon et Vuagniaux de Genève, fait sensation ! Cet espace lumineux, gracieux et gai enchante la presse locale. Vals-les-Bains peut alors s’enorgueillir du titre de Vichy méridionale !
« C’est un plaisir pour nous de pouvoir donner ce titre à notre causerie, et nous en avons certes le droit, car notre modeste Casino, voué jusqu’ici aux refrains exclusivement folâtres, s’est transformé en un charmant petit théâtre où fleurissent le vaudeville gai, la chanson de bon aloi, et surtout l’opéra-comique ; oui chers lecteurs, vous avez bien lu, l’opéra-comique. Seuls les ballets ne sont pas encore complètement organisés mais on s’en occupe. En les attendant, louons l’impresario de son heureuse initiative ; M. Emy, habilement secondé par un personnel expérimenté et de véritables artistes, a su réaliser un ensemble des plus agréables et tel, disons le bien haut, que nous n’avions pas coutume d’en applaudir à Vals-les-Bains ».
Vals Thermal, 1886